S’ENVOYER EN L’AIR:
DE L’ENVOL MORTEL D’ICARE
AU PLEIN POUVOIR D’EROS
Georges Marbeck
S’ENVOYER EN L’AIR:
DE L’ENVOL MORTEL D’ICARE
AU PLEIN POUVOIR D’EROS
Georges Marbeck
De tous temps les humains, enviant le vol des oiseaux, ont rêvé d’avoir des ailes, de s’élever dans les airs, de voler, de planer comme les aigles, les mouettes, les hirondelles et autres passereaux… Cette réalité se trouve illustrée dans la mythologie grecque à travers le personnage d’Icare, fils de Dédale condamné pour trahison par Minos, le roi de Crète qui les enferme tous les deux dans le Labyrinthe de Cnossos. C’est alors que Dédale, décidé à s’enfuir avec son fils, lui fabrique des ailes de plumes collées les unes sur les autres avec de la cire. Et il le met en garde, comme le rappelle Ovide dans les Métamorphoses: “Si tu descends trop bas, la vapeur de l’eau de mer apesantira tes ailes et si tu montes trop haut, le soleil fondra la cire de tes ailes.” Mais, emporté par l’euphorie de s’envoyer en l’air comme un oiseau géant, Icare oublie les conseils de son père et s’approche trop près du soleil. C’est alors que, la cire fondant, ses ailes se décollent, qu’il tombe au milieu des vagues et se noie dans la mer qui dès lors prendra le nom de mer icarienne.
Mais quittons la mythologie et venons-en au réel. Ce n’est que le 21 novembre 1783 que deux humains bien vivants, le marquis d’Arlandes et Pilâtre de Rozier, s’envoyèrent en l’air à bord d’une montgolfière, du nom des frères Montgolfier, Joseph et Etienne, premiers concepteurs d’un ballon volant. Un siècle plus tard, dans le parc du château d’Armainvilliers en Seine-et-Marne, le 9 octobre 1890, ce sera le premier vol d’Eole, un appareil à moteur conçu et réalisé par Clément Ader qui lui donne le nom générique d’avion, inspiré du mot latin avis qui signifie oiseau. A la même époque, Otto Lilienthal, un ingénieur allemand, réalise quelques deux mille vols à bord de planeurs à proximité de Berlin… Aujourd’hui les avions sont devenus des moyens de transport courants. Quant à la plupart des planeurs de même que les parapentes, ce sont essentiellement des instruments de plaisir pour jouir de se lancer en l’air et de se laisser agréablement balancer au souffle des courants atmosphériques… Puisqu’il est question du plaisir, venons-en au sens figuré de l’expression s’envoyer en l’air. C’est au milieu du XXe siècle qu’elle est devenue synonyme de la poussée du plaisir orgasmique éprouvée dans un rapport sexuel pratiqué à deux ou à plusieurs. Une force qui nous arrache à la pesanteur de l’attraction terrestre. S’envoyer en l’air c’est jouir, mais dans un sens large. C’est à dire s’installer, planer pour un bon moment dans la sensation de bien-être que nous procure le plaisir sensuel. C’est vivre pleinement un sentiment d’évasion au-delà du prosaïsme de tous les jours: prendre de l’altitude et respirer l’infini.
Ce caractère ascensionnel et charnel de l’expression s’envoyer en l’air se retrouve dans plusieurs autres de même sens. Ainsi: grimper au rideau, partie de jambes en l’air, être aux oiseaux ou encore, d’une manière plus savante, s’envoyer au septième ciel.
Cette expression vient d’une vision antique du cosmos selon laquelle la Terre était le centre du monde, entourée de sept ciels, six correspondant à des planètes et le septième aux étoiles. Le troisième était celui de Vénus, ce qui explique que l’on disait autrefois pour exprimer son plaisir que l’on était au troisième ciel. Puis, plus tard, après les découvertes astronomiques de Galilée, c’est l’expression être au septième ciel qui s’est imposée.
S’envoyer au ciel, pour exprimer la jouissance érotique, voilà qui nous renvoie au Paradis tel que l’imaginent les croyants de l’Islam. C’est-à-dire un espace céleste où sont levés tous les interdits de la vie sur Terre, un véritable jardin des délices, dit Jannah, lieu de plaisirs infinis peuplé d’une troupe de femmes affriolantes, les Houris, en permanence à disposition des désirs et des plaisirs des arrivants mâles.
Mais revenons sur Terre, et écoutons chanter Catherine Lara:
Qu’est-ce qu’on va faire?
On va s’envoyer en l’air
Aller au bout de nos délires
Jusqu’à mourir de rire...
Georges Marbeck
De tous temps les humains, enviant le vol des oiseaux, ont rêvé d’avoir des ailes, de s’élever dans les airs, de voler, de planer comme les aigles, les mouettes, les hirondelles et autres passereaux… Cette réalité se trouve illustrée dans la mythologie grecque à travers le personnage d’Icare, fils de Dédale condamné pour trahison par Minos, le roi de Crète qui les enferme tous les deux dans le Labyrinthe de Cnossos. C’est alors que Dédale, décidé à s’enfuir avec son fils, lui fabrique des ailes de plumes collées les unes sur les autres avec de la cire. Et il le met en garde, comme le rappelle Ovide dans les Métamorphoses: “Si tu descends trop bas, la vapeur de l’eau de mer apesantira tes ailes et si tu montes trop haut, le soleil fondra la cire de tes ailes.” Mais, emporté par l’euphorie de s’envoyer en l’air comme un oiseau géant, Icare oublie les conseils de son père et s’approche trop près du soleil. C’est alors que, la cire fondant, ses ailes se décollent, qu’il tombe au milieu des vagues et se noie dans la mer qui dès lors prendra le nom de mer icarienne.
Mais quittons la mythologie et venons-en au réel. Ce n’est que le 21 novembre 1783 que deux humains bien vivants, le marquis d’Arlandes et Pilâtre de Rozier, s’envoyèrent en l’air à bord d’une montgolfière, du nom des frères Montgolfier, Joseph et Etienne, premiers concepteurs d’un ballon volant. Un siècle plus tard, dans le parc du château d’Armainvilliers en Seine-et-Marne, le 9 octobre 1890, ce sera le premier vol d’Eole, un appareil à moteur conçu et réalisé par Clément Ader qui lui donne le nom générique d’avion, inspiré du mot latin avis qui signifie oiseau. A la même époque, Otto Lilienthal, un ingénieur allemand, réalise quelques deux mille vols à bord de planeurs à proximité de Berlin… Aujourd’hui les avions sont devenus des moyens de transport courants. Quant à la plupart des planeurs de même que les parapentes, ce sont essentiellement des instruments de plaisir pour jouir de se lancer en l’air et de se laisser agréablement balancer au souffle des courants atmosphériques… Puisqu’il est question du plaisir, venons-en au sens figuré de l’expression s’envoyer en l’air. C’est au milieu du XXe siècle qu’elle est devenue synonyme de la poussée du plaisir orgasmique éprouvée dans un rapport sexuel pratiqué à deux ou à plusieurs. Une force qui nous arrache à la pesanteur de l’attraction terrestre. S’envoyer en l’air c’est jouir, mais dans un sens large. C’est à dire s’installer, planer pour un bon moment dans la sensation de bien-être que nous procure le plaisir sensuel. C’est vivre pleinement un sentiment d’évasion au-delà du prosaïsme de tous les jours: prendre de l’altitude et respirer l’infini.
Ce caractère ascensionnel et charnel de l’expression s’envoyer en l’air se retrouve dans plusieurs autres de même sens. Ainsi: grimper au rideau, partie de jambes en l’air, être aux oiseaux ou encore, d’une manière plus savante, s’envoyer au septième ciel.
Cette expression vient d’une vision antique du cosmos selon laquelle la Terre était le centre du monde, entourée de sept ciels, six correspondant à des planètes et le septième aux étoiles. Le troisième était celui de Vénus, ce qui explique que l’on disait autrefois pour exprimer son plaisir que l’on était au troisième ciel. Puis, plus tard, après les découvertes astronomiques de Galilée, c’est l’expression être au septième ciel qui s’est imposée.
S’envoyer au ciel, pour exprimer la jouissance érotique, voilà qui nous renvoie au Paradis tel que l’imaginent les croyants de l’Islam. C’est-à-dire un espace céleste où sont levés tous les interdits de la vie sur Terre, un véritable jardin des délices, dit Jannah, lieu de plaisirs infinis peuplé d’une troupe de femmes affriolantes, les Houris, en permanence à disposition des désirs et des plaisirs des arrivants mâles.
Mais revenons sur Terre, et écoutons chanter Catherine Lara:
Qu’est-ce qu’on va faire?
On va s’envoyer en l’air
Aller au bout de nos délires
Jusqu’à mourir de rire...
– Georges Marbeck