Septembre 2020, aprèc celles de Laura (de force 4 – sur un maximum de 5 – , avec des vents à 240 km/h) frappant la Louisiane en août, les images menaçantes de l’ouragan Sally (de force 2, avec des vents à 160 km/h) saccageant les côtes du golfe du Mexique défilent sur les écrans des chaînes d’actualité et d’Internet. À nouveau, comme lorsqu’Irma avait dévasté les Caraïbes et Harvey le Texas en 2017, la question revient sur les plateaux des télévisions et dans les articles des pages “Planète”: le changement climatique contribue-t-il à renforcer et à multiplier la puissance des cyclones et des grandes tempêtes pendant la “saison cyclonique” de l’Atlantique, attendue chaque année de juin à novembre (et qui commence plus en plus tôt, comme cette année)? Plusieurs études scientifiques le suggèrent… En effet, comment expliquer, comme l’a constaté le Centre national des ouragans aux Etats-Unis, les 28 “hurricanes” et tempêtes de 2005 – un record – et les 25 phénomènes cycloniques de cette année alors que nous étions habitués à une dizaine par an avant les années 1970?
D’après le 5e rapport (2013) du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), le nombre de cyclones de forte puissance, avec des vents maximum plus élevés et des précipitations plus intenses, risque d’augmenter de 15% d’ici la fin du XXe siècle, même si le nombre global des grandes tempêtes pourrait diminuer au niveau mondial. Pourquoi? Du fait du réchauffement des eaux de surface des océans causés par le réchauffement climatique anthropique. D’après Météo France “une température de l’océan plus élevée ne ”facilite” pas forcément la naissance de cyclones, mais un cyclone déjà bien formé “puisera” bien plus d’énergie pour se renforcer dans une atmosphère humidifiée au-dessus d’océans réchauffés. En effet, la capacité de l’atmosphère à contenir de l’humidité augmente avec sa température. Ce supplément d’humidité sera à l’origine d’un renforcement des pluies cycloniques qui elles-mêmes intensifient le système.”
Une autre étude d’une équipe de chercheurs de l’université de Princeton (Etats-Unis) et de l’Institut de recherche météorologique de Tsukuba (Japon), publiée le 22 avril 2020 par la revue américaine avec comité d’évaluation Sciences Advances(1), s’appuyant sur 90 simulations autour d’un modèle climatique prévisonnel à + 4° d’ici 2100 (problable à ce jour d’après le GIEC), avance que le déplacement des cyclones sur les territoires va significativement ralentir (de 10 à 20%) et que le phénomène a déjà commencé. Je cite l’abstract de l’étude: “Nos résultats suggèrent que le réchauffement anthropique du XXIe siècle pourrait ralentir le mouvement TC (cyclones tropicaux) près des régions de latitudes moyennes peuplées en Asie et en Amérique du Nord, aggravant potentiellement les futurs dommages liés aux TC.” Comment l’expliquer? D’abord, du fait du réchauffement dans les régions tropicales, l’atmosphère se stabilise. Ensuite, la région arctique se réchauffant plus rapidement que sur l’ensemble de la Terre, on assiste à une diminution de la circulation des courants atmosphèriques.
Ainsi, comme le confiait le 24 avril 2020 au Monde, le chercheur Gan Shang de l’université de Princeton, l’un des coauteurs de l’étude de Sciences Advances, l’effrayant ouragan Dorian, de catégorie 5, avec ses rafales de vent atteignant 300 km/h, qui a devasté l’île de Grand Bahama en 2019, avait une vitesse de déplacement de 2 km/h lorsqu’il a touché l’île. Le chercheur précise: “Au moment de reprendre sa course vers les Etats-Unis, il se déplaçait à 7 km/h seulement, contre 15 à 25 km/h pour la plupart des ouragans.” Sur l’île, le désastre est total. La capitale, Marsh Harbour est détruite à 90%.
Plusieurs études constatant le ralentissement comme la montée de la pluviosité, et donc la force de saccage des cyclones, des phénomènes associés aux réchauffement de la surface des océans, ont été publiées récemment. L’abstract de celle sortie dans la revue Nature le 6 juin 2018 précise: “La vitesse de translation des cyclones tropicaux a ralenti avec le réchauffement. En plus des changements de circulation, le réchauffement anthropique entraîne une augmentation de la capacité de vapeur d’eau atmosphérique, qui devrait généralement augmenter les taux de précipitations”(2). C’est ainsi que les ouragans, renforcés par la montée des chaleurs océanes, rampent désormais lentement sur les terres, les dévastant avec zèle comme les Titans furieux de l’Antiquité. ■
Septembre 2020, aprèc celles de Laura (de force 4 – sur un maximum de 5 – , avec des vents à 240 km/h) frappant la Louisiane en août, les images menaçantes de l’ouragan Sally (de force 2, avec des vents à 160 km/h) saccageant les côtes du golfe du Mexique défilent sur les écrans des chaînes d’actualité et d’Internet. À nouveau, comme lorsqu’Irma avait dévasté les Caraïbes et Harvey le Texas en 2017, la question revient sur les plateaux des télévisions et dans les articles des pages “Planète”: le changement climatique contribue-t-il à renforcer et à multiplier la puissance des cyclones et des grandes tempêtes pendant la “saison cyclonique” de l’Atlantique, attendue chaque année de juin à novembre (et qui commence plus en plus tôt, comme cette année)? Plusieurs études scientifiques le suggèrent… En effet, comment expliquer, comme l’a constaté le Centre national des ouragans aux Etats-Unis, les 28 “hurricanes” et tempêtes de 2005 – un record – et les 25 phénomènes cycloniques de cette année alors que nous étions habitués à une dizaine par an avant les années 1970?
D’après le 5e rapport (2013) du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), le nombre de cyclones de forte puissance, avec des vents maximum plus élevés et des précipitations plus intenses, risque d’augmenter de 15% d’ici la fin du XXe siècle, même si le nombre global des grandes tempêtes pourrait diminuer au niveau mondial. Pourquoi? Du fait du réchauffement des eaux de surface des océans causés par le réchauffement climatique anthropique. D’après Météo France “une température de l’océan plus élevée ne ”facilite” pas forcément la naissance de cyclones, mais un cyclone déjà bien formé “puisera” bien plus d’énergie pour se renforcer dans une atmosphère humidifiée au-dessus d’océans réchauffés. En effet, la capacité de l’atmosphère à contenir de l’humidité augmente avec sa température. Ce supplément d’humidité sera à l’origine d’un renforcement des pluies cycloniques qui elles-mêmes intensifient le système.”
Une autre étude d’une équipe de chercheurs de l’université de Princeton (Etats-Unis) et de l’Institut de recherche météorologique de Tsukuba (Japon), publiée le 22 avril 2020 par la revue américaine avec comité d’évaluation Sciences Advances(1), s’appuyant sur 90 simulations autour d’un modèle climatique prévisonnel à + 4° d’ici 2100 (problable à ce jour d’après le GIEC), avance que le déplacement des cyclones sur les territoires va significativement ralentir (de 10 à 20%) et que le phénomène a déjà commencé. Je cite l’abstract de l’étude: “Nos résultats suggèrent que le réchauffement anthropique du XXIe siècle pourrait ralentir le mouvement TC (cyclones tropicaux) près des régions de latitudes moyennes peuplées en Asie et en Amérique du Nord, aggravant potentiellement les futurs dommages liés aux TC.” Comment l’expliquer? D’abord, du fait du réchauffement dans les régions tropicales, l’atmosphère se stabilise. Ensuite, la région arctique se réchauffant plus rapidement que sur l’ensemble de la Terre, on assiste à une diminution de la circulation des courants atmosphèriques.
Ainsi, comme le confiait le 24 avril 2020 au Monde, le chercheur Gan Shang de l’université de Princeton, l’un des coauteurs de l’étude de Sciences Advances, l’effrayant ouragan Dorian, de catégorie 5, avec ses rafales de vent atteignant 300 km/h, qui a devasté l’île de Grand Bahama en 2019, avait une vitesse de déplacement de 2 km/h lorsqu’il a touché l’île. Le chercheur précise: “Au moment de reprendre sa course vers les Etats-Unis, il se déplaçait à 7 km/h seulement, contre 15 à 25 km/h pour la plupart des ouragans.” Sur l’île, le désastre est total. La capitale, Marsh Harbour est détruite à 90%.
Plusieurs études constatant le ralentissement comme la montée de la pluviosité, et donc la force de saccage des cyclones, des phénomènes associés aux réchauffement de la surface des océans, ont été publiées récemment. L’abstract de celle sortie dans la revue Nature le 6 juin 2018 précise: “La vitesse de translation des cyclones tropicaux a ralenti avec le réchauffement. En plus des changements de circulation, le réchauffement anthropique entraîne une augmentation de la capacité de vapeur d’eau atmosphérique, qui devrait généralement augmenter les taux de précipitations”(2). C’est ainsi que les ouragans, renforcés par la montée des chaleurs océanes, rampent désormais lentement sur les terres, les dévastant avec zèle comme les Titans furieux de l’Antiquité. ■
(1) Tropical cyclone motion in a changing climate.
Science Advances, 22 Apr 2020 : Vol. 6, no. 17, eaaz7610.
(2) A global slowdown of tropical-cyclone translation speed.
Nature. Volume 558,pages 104-107 2018).
(1) Tropical cyclone motion in a changing climate.
Science Advances, 22 Apr 2020 : Vol. 6, no. 17, eaaz7610.
(2) A global slowdown of tropical-cyclone translation speed.
Nature. Volume 558,pages 104-107 2018).
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Roger Sacrain, est un éditorialiste de Ravages.
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